La retranscription audio, voilà un sujet souvent délicat entre prestataire et client. Mais que faut-il répondre à cette personne qui souhaite proposer ce type de prestation, et qui vient de me demander mon avis ?
Commençons par le fait qu’il faut absolument se sentir à l’aise dans la pratique de la langue concernée par la retranscription: en orthographe, et en syntaxe afin de pouvoir retravailler éventuellement le texte (selon le type de retranscription demandée par le client).
Un minimum de culture générale permet également de pouvoir gérer un bon nombre de sujets très différents sans trop de difficultés de compréhension de fond et reconnaissance éventuelle des noms propres cités.
Ensuite, pourquoi le tarif est-il souvent si délicat à aborder et à chiffrer entre prestataire et client ?
Parce que le client ne réalise pas toujours ce que ce travail signifie réellement, et que le prestataire se retrouve alors face à des réactions de type :« Mais c’est cher ! »
C’est donc à nous de lui expliquer ce qu’il nous demande précisément.
Encore faut-il d’abord savoir calculer soi-même le temps nécessaire à la réalisation de cette retranscription. Et s’il n’y a pas encore de logiciel réellement efficace pour remplacer l’oreille humaine pour ce type de demande, c’est bien parce que c’est un travail bien plus complexe qu’il n’y paraît.
Que représente une retranscription d’une heure d’enregistrement audio ? Il faut comprendre que dans l’esprit du client cela signifie bien souvent une heure de travail :
« Une heure d’écoute, si vous tapez rapidement comme sait logiquement le faire toute secrétaire, cela donne une heure de travail ! »
Et bien NON, justement !
Une heure d’enregistrement audio c’est beaucoup de retours en arrière et de réécoute ; c’est en moyenne entre 4 et 6 heures de travail. Et ceci pour un enregistrement sans complication ! Car si l’enregistrement concerne en plus un sujet très technique en vocabulaire, ou nécessite une recherche importante de noms propres, cela peut demander encore bien plus de temps. Sans parler des enregistrements de qualité audio moyenne, avec nombreux bruits de fond et voix « cachées » derrière divers parasites ; ou bien encore des cas où plusieurs voix parlent en même temps et où il faut réussir à discerner qui parle, et qui dit quoi, et comprendre dans quel ordre les retranscrire toutes ; ainsi que les difficultés de compréhension de langage dues à la qualité de la source d’enregistrement, mais aussi aux accents ou aux problèmes de prononciation plus ou moins claire et nette des participants.
Ne vous méprenez pas, je ne juge pas ici le travail du client. Celui-ci nous donne les éléments qu’il peut, avec les moyens qu’il a, et les conditions d’enregistrement ne sont pas forcément faciles pour lui non plus. Les visioconférences, par exemple, sont certes bien pratiques, mais les enregistrements souvent difficiles à gérer par la suite.
Toutes ces difficultés de la retranscription, il faut les accepter et les assumer lorsque l’on choisit de répondre à ce type de prestation. Il faut simplement bien comprendre ce à quoi l’on s’expose, et savoir calculer le temps réel que cela nous prendra en définitif. On s’est tous et toutes fait surprendre au début par certaines retranscriptions qui nous ont pris beaucoup plus de temps que prévu.
En gros, l’on compte généralement qu’une minute d’enregistrement équivaut à 5 minutes de travail, et qu’en une heure de travail l’on traite rarement plus de 10 à 12 minutes d’enregistrement. Sans oublier non plus le temps nécessaire à la relecture/correction à la fin. Ainsi, lorsque l’on facture par exemple 2 € la minute d’enregistrement, cela donne entre 20 € et 25 € par heure de travail. Est-ce vraiment si cher ? Une employée qui serait payée au SMIC, entre son salaire et les charges et autres frais, coûterait à son employeur entre 20 et 25 € pour cette même heure de travail ! … faut-il ajouter un commentaire ?
A noter également que la concentration demandée est telle que, pour une retranscription audio longue, il faut prévoir son temps de réalisation en ayant bien en tête que l’on pourra rarement effectuer plus de 4 heures d’écoute d’affilée, sans perdre ensuite en efficacité ; et que l’on perdrait alors plus de temps qu’autre chose à vouloir s’obstiner à continuer. Il faut pouvoir régulièrement faire des pauses dans ce travail, pour gagner finalement en nombre d’heures effectives au total.
J’ai écrit cet article par rapport à ma propre expérience du temps passé dans ce type de prestation, mais aussi d’après ce que j’ai pu entendre dire par d’autres collègues proposant ce service. Mais c’est bien sûr le genre de travail qui n’est pas quantifiable de manière absolument définie, puisque, outre les caractéristiques de l’enregistrement source, c’est nuançable par l’expérience-même du prestataire, mais aussi par le matériel dont il ou elle dispose ; à savoir juste son clavier d’ordinateur et son casque (indispensable), ou bien un matériel avec pédalier permettant moins de manipulations clavier, et un gain de temps non négligeable. Mais ces nuances ne resteront, je pense, que des nuances, et je ne crois pas être très loin de la vérité de beaucoup de transcripteurs.
En fait, toute la question de « la vitesse d’écoute de l’oreille humaine et de la recomposition du puzzle issu de cette écoute« .
Laurence Moreau
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